GAVRINIS

Gavrinis est une tombe à couloir édifiée au début du IVe millénaire av. j.-C. le dernier corpus descriptif, établi dans les années 1960, est dépassé par les évolutions technologiques récentes. Deux relevés laser ont été réalisés au mois de mars 2011. l’un à l’échelle architecturale, l’autre à l’échelle des dalles de paroi. Près de 105 millions de points ont été enregistrés, distants d’environ un millimètre pour les orthostates, et de quelques millimètres à quelques centimètres pour le monument. En parallèle, un relevé photographique permet de compléter les données acquises par laser.

La majorité des orthostates est gravée. Il est établi que la dalle de couverture de la chambre est en réemploi. Sa face inaccessible au public est gravée et se raccorde parfaitement au dessin d’une dalle du dolmen de la table des Marchands à Locmariaquer (3km). Il est fort possible que toutes les dalles sont également issues d’un monument plus ancien. Certaines de ces gravures sont très bien conservées, d’autres sont très altérées, et ce parfois sur un même support. Certains signes peuvent être identifiés, comme les haches et les serpents.

Une étude technique puis sémiologique en cours permet d’établir une chronologie des tracés et de comprendre l’organisation des signaux. le cairn de Gavrinis est aujourd’hui sur une île. Mais le niveau de la mer était beaucoup plus bas au néolithique (Ve et IVe millénaires av. j.C.). L’estuaire de la rivière de vannes était plus réduit, et l’île était plus proche du continent.

Index des articles

Origine du projet

Le projet est né de la rencontre entre Serge Cassen (CnRS, Nantes) et Laurent Lescop (EnSA, Nantes), quand ils ont échangé pour la première fois il y a presque 20 ans autour d’idées de reconstructions numériques de sites archéologiques bretons. Un peu trop tôt, difficile et un peu trop cher à l’époque. Le projet est resté en jachère en attendant que les outils, les moyens et les positions ne remettent ce projet dans le champ du possible. En 2009, un livre collectif parait : «Autour de la table». C’est le résultat de 9 années de fouilles et de 4 ans d’études spécialisées sur le Grand Menhir de Locmariaquer et le dolmen fameux de la table des Marchands dont Gavrinis est une sorte de « produit dérivé ». le temps était donc venu d’aborder cet autre monument prestigieux, d’autant qu’une nouvelle grille de lecture des gravures armoricaines permet de reprendre entièrement le discours à propos des parois ornées de Gavrinis.

Projet

Gavrinis, sur l’estuaire de la rivière de vannes, est connu pour l’extraordinaire profusion des gravures conservées sur des piliers monolithiques. Après sa fermeture (vers 3400 av. j.-C.), le monument fut reconnu par le regard des hommes, à différentes époques, mais il ne survient sur le devant de la scène savante qu’avec les explorations du xIxe siècle (en 1832 tout d’abord, puis entre 1884 et 1886 avec G. de Closmadeuc). les contours du cairn/tumulus enveloppant le couloir et la chambre ne seront que plus tardivement restitués (dans les années 70, par le Service régional de l’archéologie de Bretagne dirigé par C.-t. le Roux), et démontreront une structuration interne et externe au moyen de murs et parements successifs, plus ou moins concentriques. Ces fouilles prolongées par des restaurations ont elles-mêmes permis la découverte d’éléments architectoniques majeurs et de nouvelles gravures spectaculaires, à ce jour inaccessibles au public.

Le programme engagé sur le cairn de l’île de Gavrinis réunit des archéologues et des archéomètres, des architectes et des géomètres, pour acquérir, traiter et restituer des informations relatives à une tombe à couloir édifiée au début du IVe millénaire, une des plus fameuses du patrimoine monumental européen.

L’objectif est de requalifier ces représentations en constituant un nouveau corpus des tracés gravés, compris dans un contexte architectural et replacés dans le volume des supports. Un enregistrement des données topographiques, archéologiques, pétrographiques et acoustiques du tumulus et de la tombe à couloir a pour objectif d’obtenir le recueil exhaustif de l’état présent du monument, ce, pour le travail d’interprétation, de compréhension mais également de détection des dégradations dues aux visites et aux phénomènes naturels.

Méthodologie

La méthodologie présentée ici repose sur plusieurs principes fondateurs :

  • Une équipe de recherche pluridisciplinaire stable : cette équipe se compose de chercheurs installés dans leurs institutions et focalisés sur le même projet.
  • Un gestionnaire : la Sagemor
  • Une administration régionale et départementale de l’archéologie entièrement favorable au projet.
  • Une approche pas à pas, progressive, rythmée par des objectifs clairement identifiés.
    L’association de techniques éprouvées, de technologies numériques robustes et d’outils numériques expérimentaux préfigurant les évolutions à venir.
  • Des restitutions dans les meilleurs congrès scientifiques et des communications accessibles au grand public.

Philosophie

Chaque signe gravé ne vaut que par sa relation au signe voisin, chaque dalle ornée par son rapport à la dalle voisine, l’ensemble des dalles dans leur inscription au sein d’une architecture, et l’ouvrage repensé dans son environnement matériel et immatériel. L’étude de Gavrinis entre dans un projet prenant en compte un large territoire couvrant l’ensemble du Golfe du Morbihan (de la baie de Quiberon aux estuaires des rivières de vannes et Auray) et ce, sur une longue temporalité. Il n’est possible de comprendre le site de Gavrinis que si on l’inscrit dans le dispositif des sites néolithiques, jusqu’à maintenant identifiés, en relation, en contre point ou en opposition. Le réemploi des matériaux, les influences proches et lointaines, ne peuvent se comprendre ou s’appréhender que dans une prise en compte territoriale du site.

L’élargissement géographique va de pair avec une ouverture temporelle. un large spectre temporel permet d’appréhender les modifications du paysage, retrouver la position de la mer à l’époque de l’édification de Gavrinis, puis de suivre le mouvement de montée des eaux transformant les paysages et les usages. Les modifications géographiques du territoire n’effacent cependant pas la mémoire profonde des occupations qui reste active et décelable dans la toponymie ou les récits anciens.

Les données recueillies sont progressivement configurées pour alimenter le travail d’interprétation, puis les tâches de figuration, suivent les modèles pour la navigation en temps réel et enfin la réalisation d’impressions 3D. Cette continuité dans l’utilisation de la source permet de conserver une qualité optimale et une fidélité constante à l’œuvre d’origine.

L’étude se présente comme un travail en cours, une science en train de se faire et non une science établie, où il est estimé que la démarche est aussi intéressante et importante que les résultats finaux.

L’équipe

Serge Cassen (CnRS) assume la responsabilité de l’opération dans le cadre de son activité de recherche au sein du CnRS (laboratoire de recherches archéologiques, université de Nantes) après avoir soumis le projet devant la Commission interrégionale de la recherche archéologique (Bretagne, Normandie, Pays de Loire) ; il assure le travail d’interprétation et de mise en cohérence des données recueillies en regard des exigences scientifiques du programme.

Laurent Lescop, enseignant-chercheur à l’Ecole nationale supérieure d’architecture à Nantes, a pris en charge la production des données numériques et leur exploitation. Il assure la continuité des informations entre les différents intervenants techniques et plus particulièrement ceux exposés à la production des informations qui seront données au public.

Valentin Grimaud, jeune diplômé de l’EnSA, a établi le lien entre les partenaires, techniques, les géomètres et techniciens en charge des scanners ; il est désormais inscrit en thèse à l’université de Nantes (LARA et GERSA) sous une double direction (Cassen/lescop).

La numérisation des surfaces a été dirigée par D. Morel (MorelWorkshop, vannes) en collaboration avec le Centre des ressources techniques de Morlaix représenté à Gavrinis par y. liziard.

La société Leica Geosystems (Paris) a délégué B. Outrey en charge d’un scanner performant afin de faciliter l’acquisition des données générales sur le site.

Bruno Suner, également enseignant-chercheur à l’EnSA, a plus particulièrement suivi l’environnement.

Contact presse : Françoise Guy
02 23 42 44 10 ou 06 62 23 91 27 / francoise-guy@media-l-communication.com

Dossier de presse