Comment est née la Légende de la Ville D’Ys

(d’après Louis Oges (1) 1949)

Le cataclysme, dit-on, eut lieu au Vème siècle. Mais c’est seulement au IXème siècle, sous la plume du chroniqueur Gurdisten, qu’apparaissent pour la première fois le nom de Ker ls et celui du Roi Grallon, que nous orthographions aussi Gradlon, mais que Marie de France, en ses lais du XIIème siècle, écrivait Graalent.

En ces écrits anciens, inspirés des récits des harpeurs païens d’Armorique, n’apparaissent encore ni le très chrétien saint Guénolé, ni la satanique Ahès, dite aussi Dahut…Tant il est vrai que la légende de la ville engloutie ne cesse de s’enrichir au cours des siècles, et surtout des siècles chrétiens, d’épisodes nouveaux…

Le chanoine Moreau, à la fin du règne d’Henri IV, Ernest Renan et Anatole Le Braz au siècle dernier, sans oublier nombre de nos contemporains – tels Claude Dervenn, Jean Guéhenno, Georges Bordonove, Michel le Bris ou Xaviel Grall ne sont pas restés insensibles à cette « grande affaire » ni indifférents aux cloches qui continuent de tinter au fond de la mer, et peut-être aussi au fond de la mémoire atavique de chaque Breton : « Atlantide de l’âme, Ile des Printemps morts »…

La tempête fait rage à l’extérieur. Koridwen la druidesse, assise près du foyer fait rougeoyer un tison. Beneac’h son jeune disciple, dépité de ne pouvoir faire quelques pas sur la côte, installe une chaise près de la conteuse.
Les flammes espiègles dessinent sur le visage de Koridwen des ombres mystérieuses. Bénéard fasciné ferme les yeux un instant.
Beneac’h –
Comment la légende de Ker Is s’est-elle transmise jusqu’à nous?
Koridwen –
Par les chants, les récits, les feuilles volantes, les…
Beneac’h –
Mais comment naît une Légende? Comment est née la Légende de la Ville D’Is?
Koridwen –
La Légende de la Ville d’Is a ceci de particulier qu’elle n’a guère subi d’études critiques sur le fond de son récit. Chacun la raconte à sa manière, et l’utilise à ses propres fins. En revanche, tous les débats ont porté sur l’emplacement supposé de la ville. Et la non découverte de cet emplacement favorise la rationalité des uns, et l’espérance des autres.
Beneac’h –
Et il y a eu des débats épiques…
Koridwen –
Des débats, des articles…
Beneac’h –
Donne moi des arguments, cela m’intéresse.
Beneac’h frétillait sur sa chaise, il imaginait des assemblées de vieux messieurs, redingote et barbichette, doigt accusateur, monocle vengeur, s’étripant en français, en breton, en argot et en vain.

Koridwen –

Le Carguet (2) publie dans le BSAF, un large article. Pour lui, la ville engloutie se trouve au large de la Baie des Trépassés. Il en trouve les preuves dans le Cartulaire de Landevennec grâce aux allusions que celui-ci contiendrait.
Beneac’h –
Il existe de plus une tradition qui corrobore le choix du Cap Sizun.
Koridwen –
Exactement, et le Carguet en parle. Tous ces éléments lui permettent de fixer la fondation de la ville!!
Il propose une date située entre 475 et 480 de notre ère. Les ruines gallo-romaines de Troguer, près de la Pointe du Van, sont pour lui les restes de la citadelle d’en haut, tandis que la ville basse, (Ker Izel), est sous les flots.
Beneac’h –
Oui c’est vrai Ker Is, Ker Izel, la ville basse.
Koridwen –
Nous y reviendrons. Jourdan de la Passardière, lui propose la Baie de Douarnenez au point de jonction des voies romaines.
Beneac’h –
C’est une thèse fort répandue.
Koridwen –
Oui d’ailleurs E.Delécluse, quatre ans après le Carguet (3) en 1924, défend également la proposition de Douarnenez. Il pense que les ruines visibles le long de la côte ne sont qu’une faible partie de la ville, le reste étant submergé.
Daru lui, écrit :
« Ni 13 siècles, ni les tempêtes de l’océan n’ont pu faire disparaître les vestiges de la Ville d’Is. On en aperçoit encore quelques-uns à fleur d’eau ; et les rameurs qui dirigent leurs barques sur cette côte, désignent certains passages étroits et sinueux par des noms qui étaient autrefois ceux des rues de la ville submergée. « 
Beneac’h –
Qu’en dire?
Koridwen –
Peu de choses, ces récits confortent la légende, renouvellent l’intérêt du public, que celui soit crédule ou détracteur, chacun mettant la même énergie à prouver que l’autre a tort.
Beneac’h –
Lors de mes voyages, on m’a affirmé que Ker Is se trouvait dans la Baie d’Audièrne, au large de Penmarc’h. Mais aussi entre Loctudy et les îles Glénans. Tout muret un peu ancien, tout rocher un peu étrange dans le paysage deviennent une preuve formelle. Songeons en plus qu’il existe actuellement une Ville d’Is en Galice!!!
Koridwen –
En tout cas, pour l’instant, son emplacement armoricain reste un mystère.
Beneac’h –
Qu’en pensent les géologues?
Koridwen –
Les géologues sont d’accord pour affirmer que le niveau des côtes ne cesse de s’enfoncer dans les eaux. Ce mouvement est rythmé par ce que nous appelons les transgressions.
La transgression dunkerkienne qui marque une progression de quelques mètres du niveau marin autour du Vème siècle peut à elle seule, justifier l’existence des récits de submersion. Is ou Izel signifie en breton, Bas, par opposition à Huel qui veut dire Haut, Ker Is devient ainsi la ville basse, multipliant ainsi ses chances d’être submergée.

Beneac’h –
Chances..?
Koridwen –
En 1752 Dom le Pelletier (4) parait mettre en doute l’importance de l’agglomération.
Il écrivait :
« Ker Is a pu exister sous ce nom, mais au sens breton qui est que « ker » est toute habitation, ville, bourg, village, hameau, et une maison seule. On dit que cette ville a été submergée par la mer, en punition de ses péchés. Je croi (sic) bien que la mer abyma cette prétendue grande ville, mais je croi aussi que c’était un village situé sur le bord de la baie de Douarnenez, et à fleur d’eau de mer, de sorte que quelque ouragan ayant enflé la mer, l’aura poussée sur la terre et aura renversé ce village dont le nom Ker Is est « habitation basse ». Les poètes bretons auront exagéré à leur ordinaire cet événement triste et funeste. La preuve que l’on peut donner de la réputation de cette habitation est que la grande entrée de Brest est nommée par les gens de ce pays, « Canol-Is », (le canal d’Is) : mais ce n’est peut-être le Canal-Bas en distinction du plus haut, qui est celui de la Manche ; par le Conquet, en égard au Nord qui est censé le haut où la mer monte, et au sud, ou sud-ouest, où la mer déscend ».
Beneac’h –
D’accord, je vois bien comment a pu naître la Légende de Ker Is, les emplacements supposés, etc., mais le récit lui-même, est-il arrivé sous sa forme actuelle jusqu’à nous ou bien s’est-il au fil des ans transformé, embelli, enrichi?
Koridwen –
Evidemment aussi regardons cela de plus près. Tout d’abord, et cela prêche pour la thèse d’un événement majeur, il existe de nombreux récits légendaires très proches de celui de Ker Is ; nous retiendrons le plus ancien : le Livre de la Vache Brune, « Lebor na hUdre », Irlande, mais aussi le Livre Noir de Carmarthen (5), et enfin la fameuse histoire scandinave de « Nils Holgerson » dans Selma Lagerlöf avec la destruction de …
Beneac’h –
Venita, oui je l’ai lu étant gamin. Mais la première évocation de Ker Is date du Cartulaire de Landevennec n’est-ce-pas?
Koridwen –
Non. Graslon est cité dans la généalogie des Rois de Bretagne, mais Ker Is n’y figure pas.
Graslon est encore le personnage central d’un lai de Marie de France (XIème siècle), mais la saga dont il est le héros n’évoque jamais Ker Is. Il faut attendre le XVIème siècle avec le Chanoine Pierre le Baud (6), aumônier d’Anne de Bretagne et mort en 1515.
Koridwen disparaît de la proximité du feu et revient un instant plus tard chargée d’une pile de livres poussiéreux, aux pages fragiles comme des feuilles mortes.
Koridwen –
Voilà, Pierre le Baud6, Histoire de Bretagne, édition de 1638. Là j’ai un signet page 43.
« La grande cité d’Is située près de la grand’-mer, fut, pour les péchés des habitants, submergée par les eaux issant de cette mer. Le Roy Grallon qui lors était en cette cité, échappa miraculeusement : c’est à savoir par le mérite de saint Guénolé. Et dit-on que encore appièrent les vestiges sur la rive qui de l’ancien nom de la cité, est jusqu’à maintenant appelée Ys ».
Bernard d’Argenté (7) a lui aussi écrit une Histoire de Bretagne, j’ai là la quatrième édition la première édition datant de 1582, deux ans après la mort de l’auteur, écoute :
« Les habitants trouvent comme laissé de main à main qu’il y avait au même temps, auparavant la venue des Ducs prés de Kemper-Corentin, une grande ville appelée Is, sue le bord de la mer, laquelle ils disent avoir été submergée et couverte, le Roy Grallon estant en icelle. De laquelle adventure il se sauva comme par miracle, se montrant encore en ces lieux des ruines. Mais de cela il n’y a pas grands témoins et n’est cette ville de Is (si elle fut), nommée en nul ancien, fors quelques légendes. »
« D’autres accidents, par semblables submersions, sont encore advenus ailleurs. »

Beneac’h –
Et là ce livre un peu étrange.
Koridwen –
Ah le Chanoine Jéhan Moreau (8) avec ses Mémoires de Guerre. Le Chanoine Moreau est né probablement en 1552, mais ce n’est pas certain, et est décédé en 1617. Dans son ouvrage, il relève d’importants vestiges gallo-romains entre la pointe du Van et la Baie des Trépassés. Dans ce passage il décrit une route pavée partant de Quimper :
« Cette route, dit-il, aboutissait à cette très célèbre et prétendue ville appelée Is en la bouche du vulgaire du pays, qu’ils disent avoir été située où est présentement la baie de Douarnenez ou à la pointe du Raz, et qui depuis a été par succession de temps, conquise par la mer il y a environ 12 ou 1300 ans. Savoir est du temps des saints personnages Corentin, Guénolé, Tadec, régnant en ces temps là en Bretagne le Grand Roy Grallon…et le tout est arrivé par une juste punition de Dieu pour les péchés du peuple de ladite ville…
…Une certaine personne m’a asseuré avoir vu et lu quelques pièces en vers bretons qui faisaient mention de cette ville en écriture de main, ce que je n’ai su découvrir, quelque diligence et recherche que j’aie pu faire. »

Beneac’h –
Leurs témoignages concordent, le dernier ajoute un cataclysme, mais nous sommes loin de la magnificence de Souvestre ou de Guyot.
Koridwen –
Exact, mais patiente, tu vas voir, tout se fait par étapes.
Beneac’h –
Le Chanoine Moreau parle d’un mystérieux texte décrivant la ville, il reste à trouver alors…

Koridwen –
Non, tant mieux, ou hélas, selon que l’on est lecteur ou chercheur de trésor. Ce texte a été retrouvé au château de Plouvorn et a été publié par Emile Ernault (9) dans les Annales de Bretagne. Ici la Ville d’Is est située sur une île qui porte son nom, « An enezen a Ys avez Dyquys punisset ».
La ville est engloutie, Graslon est sauvé des eaux par Saint Guénolé, alors son neveu.
Beneac’h –
Par ordre d’apparition nous avons : Graslon, la Ville d’Is mais point de Dahud.
Koridwen –
Elle n’apparaît qu’au XVIIème siècle et sert la prédication. Donne ce livre-là, s’il-te-plaît.

Beneac’h –
Celui-ci? « Vies des Saints de Bretagne Armorique », par Albert le Grand (10), ce doit être un sacré trésor.
Koridwen –
Un trésor sacré même, Albert le Grand est un religieux de Morlaix, écoute il est question de Dahud :
« Après avoir nommé Corentin évêque et seigneur de Quimper, le roi Grallon transféra sa cour en une grande ville sur le bord de la mer, entre le cap de Fontenoy (ancien nom de la pointe du Raz) et la pointe de Crozon. Cette ville s’appelait Is…
Guénolé allait souvent voir le roi en sa superbe cité et prêchait fort hautement contre les abominations qui se commettaient en cette ville toute absorbée en luxe, débauches et vanité…
Dieu lui révéla la juste punition qu’il en voulait faire et l’heure du châtiment. Il dit au roi : « Ha, sire, sortons au plus tôt de lieu car l’ire de Dieu le va présentement accabler…
Grallon fit incontinent trousser bagage et, ayant fait mettre hors de ce qu’il avait de plus cher, monta à cheval avec ses officiers et domestiques, et, à pointe d’éperon, se sauva hors la ville. A peine eut-il sorti les portes, qu’un orage violent s’éleva avec des vents si impétueux que la mer se jetant hors de ses limites ordinaires et se précipitant de furie sur cette misérable cité, noya plusieurs milliers de personnes dont on attribua la cause principale à Dahut, fille impudique du bon roi, laquelle périt en cet abîme et cuida causer la perte du roi…pour ce que l’histoire assure qu’elle avait pris à son père la clef qu’il portait pendante à son col comme symbole de sa royauté ».
Beneac’h –
Dahud et la clef, nous nous approchons petit à petit des éléments que je connais. Le temps et les auteurs accumulent leurs visions…
Koridwen –
Attention, Albert le Grand n’évoque pas les écluses, la clef est le symbole de la royauté. Le récit est dès lors utilisé pour l’édification des masses. Pour Ogée (11) dans son « Dictionnaire historique et géographique de Bretagne », la légende entre dans « les exercices spirituels de la vie chrétienne pour la mission », « an exerciçou spirituel eus ar vuez chriten evit ar mission ». Il ne croit pas en l’existence de la Ville d’Is, page 111, il écrit :
« Cette ville, célèbre dans l’idée des gens qui aiment à se repaître de fables, fut engloutie suivant la tradition vulgaire au temps du roi Grallon pour punition des crimes de ses habitants. Les uns la placent à l’entrée du port d’Audièrne, d’autre à l’extrémité de la Baie de Douarnenez, d’autres à l’embouchure de la rivière de Quimper, d’autres enfin à Keraës (Carhaix). Mais l’opinion la plus probable est qu’elle n’exista jamais, disparue »
Depuis ce texte, il subsiste une confusion entre Ahes et Dahud. De plus, la voie romaine en question n’est pas la seule à porter ce nom.
Beneac’h –
Le mystère s’épaissit.
Koridwen –
Ce qui surtout remarquable c’est que plus de mille ans ont passé depuis les supposés événements sans que le temps ne les efface. Malgré une rude concurrence si l’on pense à Arthur et les Chevaliers de la Table Ronde ou à Tristan et Iseult, héros également du haut Moyen Age breton.
Dahud est maintenant le personnage central de l’histoire, Cambry (12), Marchangy (13), Daru (14) adoptent la fille de Graslon et tissent la trame de leurs récits d’après la structure d’Albert le Grand ou de Ogée.
« Un nouveau champ s’ouvrant aux conjectures sur l’origine de cette ville, plusieurs modernes ont été jusqu’à regarder Keraës comme le Ker Is des anciens, et, par une légère transmutation de Keris en Keraës, se sont efforcés de rétablir sur la surface du globe une ville qui, depuis des siècles semblait en être
disparue « . (15)
Beneac’h –
Nous approchons du XIXème siècle, et là le romantisme va donner un élan décisif à la légende. Et du récit anecdotique, nous arrivons à de grandes fresques lyriques.
Koridwen –
Exactement, Kernadet, Pitre-Chevalier…
Beneac’h –
H.de la Villemarqué, E.Souvestre.
Beneac’h déplace la pile de livres, et à la lueur incertaine de la cheminée tente de déchiffrer les titres dorés à l’or fin sur couverture de cuir ridé.
Beneac’h –
Kernadet, la « Vie des Saints de Bretagne Armorique » 1837…
« La ville n’était défendue des invasions de l’océan que par une digue au milieu de laquelle des écluses, ingénieusement ménagées, livraient passage au volume d’eau nécessaire pour alimenter les nombreux canaux. Le roi Grallon faisait garder avec soin les clefs de ces écluses et présidait lui-même chaque moi l’entrée des eaux dans la ville. Les intrigues et les crimes d’Ahez ayant enfin arraché au roi les restes du pouvoir, elle s’empara des clefs ; mais dans le tumulte affreux qui s’éleva au milieu de cette licence effrénée qu’elle même avait excitée, elle ne put conserver ce précieux talisman : il tomba dans des mains ignorantes et barbares et les écluses furent
ouvertes. » (16)
C’est le texte de Daru non?
Koridwen –
Oui il le reprend parfois textuellement mais ajoute la digue, les écluses et les clefs qui les ouvrent. Pitre Chevalier et Souvestre reprendront ce texte. Pitre Chevalier (17) écrit dans l’édition de 1844 de « La Bretagne ancienne » :
« L’exemple des débauches était donné publiquement par la fille même de Grallon, la belle Ahez ou Dahut, dont les débordements surpassent tout ce qu’on nous a conté d’Honoria, de Messaline et de Marguerite de Bourgogne. Les paysans d’Huelgoat montrent encore un gouffre où Dahut faisait précipiter ses amants…
…La ville d’Is, conquête de l’industrie sur la mer, occupait une plage très basse, incessamment menacée par les flots ; elle avait des remparts, des digues et des écluses dont les clefs étaient déposées dans une cassette de fer ; le roi seul ouvrait cette cassette au moyen d’une clefs d’or suspendue à son cou.
Or Dahut qui avait promis cette clef d’or à un de ses amants, la ravit à son père endormi par ses caresses ; et quelques instants après, la mer entrait dans la ville. »
On a cru que cette version était en fait une traduction du texte de Hersart de la Villemarqué (18) (1815 -1885), ce dernier laissant croire qu’il avait recueilli un texte médiéval . Donatien Laurent ayant eu accès au carnet de la Villemarqué a démontrer qu’il n’en est rien. (19)
Beneac’h –
C’est comme le texte d’Olivier Souvestre qui est également une habile contrefaçon d’un texte ancien : « Ar roué Gralon ha Kear Is  » , une gwerz du milieu du XIXème siècle.
Koridwen –
Bravo! En 1850, pour être précis. La légende a toujours eu besoin d’être légitimée par les siècles. Au XIXème siècle, les auteurs se multiplient, influencés par une littérature de plus en plus abondante et diversifiée. La légende s’enrichit, gagne en épisodes, et péripéties.
Regarde ces manuscrits : A. De Bois (20), Kerambrun (21), les opéras de Meyerbeer (22), de Lalo (23), une pièce de Cornou.
Beneac’h –
Tiens, Le Foyer Breton (24) dans son édition de 1844, je possède, moi, une édition de 1953!

Koridwen –
Souvestre a beaucoup écrit sur Ker Is, dans « Le Foyer Breton » donc, il est en pleine fantasmagorie, alors que dans le premier chapitre de En Bretagne (25), dont voici l’édition de 1867, il est plus réservé. Il se veut alors historien.
Beneac’h –
Aujourd’hui, les versions sont légion, de quelques lignes à plusieurs centaines de pages, nous avons le choix des formats.
Une question : Charles Guyot (26) présente son ouvrage « Légende de la Ville d’Ys » (1926) comme écrit d’après les textes anciens. D’où viendraient ces textes?
Koridwen –
Il s’inscrit dans la lignée des faiseurs de faux. Son texte est remarquable par le fait qu’il place Gralon dans une vaste épopée, mais à la lumière de ce que nous savons tu réalises bien que c’est un abus d’écrivain. Evoquons pour conclure nos grands auteurs. Ker Is est pour eux l’occasion d’un magnifique exercice de style. Souvenirs de jeunesse pour E. Renan (27), Michelet (28), Jakez Hélias (29), contes pour enfants chez G. Toudouze (30), du Laurens de la Barre (31), J.Markale (32), Y. Brékilien (33), romans pour Henri Queffelec (34) et R.Facon (35) qui utilisent Is comme décor.
Beneac’h –
Sans oublier les bandes dessinées, celle de Bourgeon et « Bran Ruz » d’Auclair et Deschamps.(36)

La pluie a cessé, sortons, la poussière de ces vieux livres m’irrite un peu la gorge.

Notes

1 Nouvelle Revue Bretonne, N°2, 1949, pp.81-91
2 Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, tome XLVII, 1920, pp. 5 à 23
3 Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, tome LI, 1924, pp. 85 à 91
4 Dictionnaire de la Langue Bretonne, article Is, p.137, 1752
5 XIIème-XIIIème siècle, issus des « Four Ancient Books of Wales, 2 tomes, 1868, Pays de Galles
6 Histoire de Bretagne, 1638, p. 43.
7 Histoire de Bretagne, 4° éd., p.49, (1° éd. 1582)
8 Histoire de ce qui s’est passé en Bretagne durant les Guerres de la Ligue et particulièrement dans le diocèse de Cornouaille, pp. 8 à 12
9 Ar buhez sant Gwenole abat ar kentaf eus a Lantevennec, (la vie de Saint Guénolé premier Abbé de Landévennec), Annales de Bretagne, tome XLI, (tome 1 & 2 – 3 & 4), 1943.
10 Vies des Saints de Bretagne Armorique, 1636
11 Dictionnaire historique et géographique de Bretagne, édition de 1818, p. 111
12 Voyage dans le Finistère, édition Fréminville, 1794, p.307.
13 Tristan le voyageur ou la France au XIVème siècle, Paris 1825, tome 1, p.207
14 Histoire de Bretagne, Paris 1826, tome 1, p.70
15 Ogée, Dictionnaire historique et géographique de Bretagne
16 Kernadet, Vie des Saints de Bretagne Armorique, 1837, pp. 56 57
17 La Bretagne ancienne, 1844, pp.88-90
18 Le Barzaz Breizh, chants populaires de la Bretagne, Paris, 1867
19 Aux sources du Barzaz Breizh, 1989, Ar Men Douarnenez
20 Manuscrit d’une étude sur Ker Is
21 La Ville d’Is, légende bretonne, poème, l’auxiliaire breton, 1 juillet 1839
22 Le pardon de Plouërmel, 1859
23 Le Roi d’Ys, 1888
24 Le foyer breton, contes et récits populaires, Paris, 1953
25 En Bretagne, Paris, 1867
26 La légende de la Ville d’Ys, d’après les textes anciens, spezed,1991
27 Souvenirs d’enfance et de jeunesse, 1883
28 Journal intime
29 Le quêteur de mémoire, plon, 1990
30 Le petit Roi d’Ys, Hachette, Gloires et drames de la mer, Paris, 1917
31 La Ville d’Is, Contes Populaires et Légendes de Bretagne, Paris, 1974
32 Histoire secrête de la Bretagne, paris
33 Contes et Légendes du Pays Breton, spezed, 1973
34 Tempête sur la ville d’Ys, Paris, 1962
35 La cité d’Ys, Caen, 1988
36 Bran Ruz, Bruxelle, 1981

 

2 réflexions sur « Comment est née la Légende de la Ville D’Ys »

  1. « Mais c’est seulement au IXème siècle, sous la plume du chroniqueur Gurdisten, qu’apparaissent pour la première fois le nom de Ker ls (…) »
    AUCUN texte antérieur au XV° siècle ne mentionne Ker-Iz. La première mention de la légende apparait sous la plume de Pierre Le Baud, historien du duc François II puis de sa fille Anne de Bretagne. Voir à ce sujet l’ouvrage de C-J Guyonvarc’h.
    Quant à la tradition orale, on ne connaît aucune gwerz antérieure à celle forgée par La Villemarqué; qui plus est, c’est celle rédigée par Olivier Souvestre au milieu du XIX° siècle qui est passée dans la population bretonnante.
    Si ça peut vous intéresser, j’ai couché par écrit mes réflexions sur cette légende et le rôle qu’elle a joué dans l’occultation d’un fait de civilisation celtique attaché à la montagne de Locronan (publié sur Académia).
    Bien cordialement
    J. Ropars

  2. Bonjour, Je vous remercie de vos précieuses remarques. C’est une enquête fabuleuse à mener qui est à la fois historique, littéraire, folklorique, archéologique. Je veux bien le lien vers vos recherches qui, à vous lire, éclairent un point très original de Keris.

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